Somewhere over the Pacific
mardi 15 janvier 2008
Et c’est parti! Je suis dans l’avion qui me fait quitter le continent américain, en direction de Narita, près de Tokyo. L’écran incrusté dans le siège devant moi m’indique que je survole maintenant le Détroit de Béring. Je me rends compte que le stress commence de plus en plus à se dissiper. « Gab, stressé??? Impossible! » vous entends-je clamer d’où je plane présentement, mais oui c’est bien un petit stress qui sévit depuis 3 ou 4 jours. Un stress à m’en donner mal au ventre, par moment. C’est l’inconnu qui provoque ça sans doute. Le vrai inconnu, le pire que j’ai à affronter (à ce jour) de mon existence. Celui d’arriver dans une ville immense (Bangkok a 8 millions de thaïlandais selon mon Lonely Planet) et de n’avoir aucun repère pour savoir où aller. Ah oui, merci aux compagnies aériennes qui me font débarquer dans la capitale à minuit moins dix, ça aide pour trouver son chemin.... Mais bon, mon côté laid back, hang loose, easy going, (comprenez « pas stressé ») me rappelle toujours que dans une semaine je vais me dire à quel point ça aura été facile de me débrouiller! Bon pour l’instant, un peu de musique (merci Chach!), de lecture (merci Marine!) et de sommeil (personne à remercier, surtout pas mon siège qui est visiblement le seul à ne pas vouloir s’incliner). Des nouvelles bientôt... 10-4!
From Bangkok to Chiang Mai!
mercredi 23 janvier 2008
Bon, par où commencer! Par le début... Bangkok, j’adore! Un must: Khao San Road, pour ses multiples boutiques, restos, et bars. Très pollué, mais bon, faut s’attendre à ça, surtout quand on se balade en tuk-tuk. Seulement 3 jours à Bangkok, juste assez pour rencontrer des voyageurs comme moi. Cette ville est le point d’arrivée ou de sortie de tous les voyageurs en Asie, donc on ne trouve que du monde au début (contents) ou à la fin (pas contents) de leur trip! Heureusement pour moi, je n’en suis qu’au commencement! Ma première destination a donc été Kanchanaburi, dans l’ouest. Au programme: entre mes nuits à dormir sur le boat house, une navette (un pick-up surchargé) nous emmène voir les attractions de la région. Visite de musée sur la 2ème Guerre (bof), exploration tronçon d’un chemin de fer surnommé Hellfire Pass, escale au Floating Market (un marché à la vénitienne, en pirogue, qui a pas mal plus de classe que le marché aux puces de St-Eustache...!), visite d’un monastère destiné à la protection (et au tourisme, évidemment) des tigres, balade à dos d’éléphant (le mien était le plus vieux, le plus lent et le plus têtu!), escalade des Erawan Falls, des chutes divisées en 7 paliers, où l’on peut se baigner... Et pour bien terminer ces journées, quoi de mieux que de prendre une petite bière avec mes colocataires du boat house, venus d’Australie, d’Angleterre, de France, des USA, du Canada etc. Vive le rhum thai Song Sam et la Chang Beer! Il faut malheureusement quitter la région pour me diriger vers Ayutthaya, avec 3 Français très sympas. Ancienne capitale de la Thaïlande, cette cité est un musée inépuisable de temples et de ruines que je pars explorer à vélo tôt le matin avec mes cousins de l’Europe. Sur notre chemin, des éléphants, des motos/tuk-tuk/taxis/bus/pick-up/coach, des marchands, etc. Mes 3 potes doivent se rendre vers Sukothai, alors je prends le reste de la journée pour explorer avec l’aide de Sunchai Ramanop et Pan, qui font partie du staff du Eve Guest House. Ils m’amènent en bateau et à vélo dans des endroits que je n’aurai autrement jamais vus! En échange, je leur propose d’aller à l’école où Sunchai est prof d’anglais, pour aller prendre des photos avec ses jeunes! Je suis gagnant sur toute la ligne! Ils ont vraiment apprécié ma visite (l’auberge était vide de touristes, alors ils étaient tous dévoués pour moi!) et je leur ai fait don de mes photos. Du vrai bon monde! Je finis ma journée avec un petit massage complet d’une heure (inévitable en Thaïlande!) question de me détendre, et devinez quoi? Ça marche! Sunchai et Pan vont me déposer à la gare, ce qui met fin à mon traitement royal, car un bon 12 heures cahoteux de chemin de fer m’attendent vers Chiang Mai... C’est là que je me trouve présentement, alors vous en saurez plus dans les prochains jours! Je finis en disant: Sawadi khap! 
Back To Bangkok
mardi 29 janvier 2008
Sawadi khap! Alors je suis finalement arrivé à Chiang Mai, après un tortueux trajet de 12 heures de train. Non mais c’est long 12 heures... Une pancarte avec Mr. Gabriel, comme dans les films, est tenue par mon chauffeur qui m’attend à la gare. Petite journée de repos (sieste, sieste et sieste), du coup, j’ai pas le temps de socialiser avec mes prochains partenaires de trekking, mais je m’en fait pas, on va avoir du temps en masse pour jaser dans les montagnes. En effet, surtout avec la ride de pickup qu’il faut faire pour s’y rendre, on a en masse le temps de faire connaissance! Au programme: balade à dos d’éléphant (eh oui, encore), longues heures de marche dans la jungle, rencontre avec des villageois près de nos huttes où l’on dort le soir, du rafting sur des radeaux de bamboo (très amusant de compétitionner avec les autres radeaux!), des merveilleuses chutes (des chutes à explorer, t’en veux Frank? En v’là!)... Bref du paysage et des gens vraiment magnifiques! On fait même de la chasse à la grenouille de nuit, avec les lampes de poche... En revenant de mon trekking, y a mes 3 potes Français que je rencontre encore et avec qui je partage bières, margaritas, tequilas, etc. pendant d’autres petites soirées. L’incontournable Night Market offre mille choses à mille prix. Non sérieusement, on y trouve de tout. Y a même des parades, des spectacles de cracheurs de feu, des démonstrations de danse traditionnelle, de la bouffe, de l’alcool, etc. Petit réveil brusque par ma guide qui me tire du lit à 6h30 pour aller visiter le Nord du pays: 9 heures de transport pour un total de 4 heures de visite! Entre autres, le Golden Triangle (rencontre des frontières du Laos, de la Birmanie et de la Thaïlande), escapade sur la côte du Laos et visite d’un village où vivent les Long Neck, ces femmes qui portent des anneaux sur leur cou. Traditionnellement, c’était porté comme protection contre les tigres qui attaquaient en 2 lieux stratégiques: le cou et les mollets. La tradition reste, malgré le fait que les tigres ne sont plus parmi les menaces, ces femmes en rajoutent un par année, à partir de 4 ans, et ce, dans une cérémonie qui regroupe tous les membres du village. Le maximum qu’elles peuvent porter est d’environ 37. Probablement le plus beau moment de ma journée, mais il reste dommage que tout ce que j’ai visité dans cette région est toujours été axé sur la vente de souvenir aux touristes qui débarquent en Coach climatisé... Au moins, notre chauffeur de minibus était un pilote champion à ses heures, et a été un réel spectacle tout au long du trajet! C’était comme regarder quelqu’un jouer à un jeu vidéo de course, j’ai même un vidéo de 12 minutes qui montre très bien les dépassements qu’il effectue avec une de ces finesses (c’est quand même une grosse van avec 8 personnes dedans qu’il conduit!). Suffit pour les visites touristiques, je vole vers Bangkok pour aller rejoindre Jean-François et Céliane pour passer une petite journée ensemble, à magasiner, prendre des photos, se balader et prendre une bonne bière! Ça faisait du bien, j’avais pas eu de dose de québécois depuis un bon bout! Céliane part pour faire un truc de méditation pendant 10 jours. J-F fait donc des plans à Bangkok pour couvrir des sujets photo, et moi, je décide de partir dans le sud, question de voir de quoi ont l’air les plages dans le coin! C’est à Krabi que je me trouve présentement, et je peux vous dire qu’il fait chaud! J’en dit pas plus, je vous en réserve pour le prochain blog!
The Beach
mercredi 13 février 2008
J’ai une dizaine de jours « à tuer » avant de partir au Cambodge avec Jeff et Céliane. Pas question de rester à Bangkok! Je dis donc adieu (ou plutôt au revoir...) à mon joli bronzage hivernal québécois et décide d’aller explorer le Sud du pays! Un couple de Français rencontrés à Chiang Mai m’ont glissé un mot ou deux sur Krabi, une ville tout près de la très populaire Koh Phi Phi (prononcer pipi), mais beaucoup moins touristique que Phuket (ne pas prononcer fuck it). Une agence de tourisme me dit que tout est extrêmement cher à Krabi et que je devrais aller dans le golfe de la Thaïlande, où tous les voyageurs vont pour fêter. Je suis plus du genre explorateur, et surtout, je suis têtu, alors je fais confiance aux Français! De la littérature tout à fait d’occasion, le roman d’Alex Garland, The Beach, qui a inspiré le film du même nom. Il me fait coller à la plage, tellement je tombe dans l’histoire, au point d’attraper des coups de soleil. Je me reconnais très bien dans certains traits du personnage principal, Richard, qui recherche toujours plus, même quand il est au paradis sur Terre! Lisez le livre, si vous voulez rêver; sur une plage, de préférence, ça facilite l’imaginaire... La ville de Krabi est bien, mais c’est en scooter que je pars explorer la ville voisine, Ao Nang, qui se trouve à 30 km. Ses plages sont superbes, et je trouve un bungalow où rester à 180 bahts la nuit (l’agence de tourisme me parlait d’un minimum de 700 bahts partout dans la province...). Il s’agit du Laughing Gecko, un Resort pour backpackers tenu par un couple Torontoise/Thai super accueillant. Pour contraster sur les Guest Houses que j’ai squattées depuis le début du voyage, ici, on mange en famille avec nos voisins de lit, on partage la même salle de loisir, pour parler, jouer de la guitare, lire, écrire, bien confortables dans un des hamacs ou une des larges surfaces de bambous coussinées. Je rencontre Jacques, un Suisse avec qui je connecte bien, et on a la même passion de la photo. Je rencontre aussi Lisa, une Allemande, qui a un plan : explorer une des îles du coin et le lendemain, partir pour un Live-Aboard-Trip pour faire de la plongée dans les Similan Islands, qui sont classées parmi les sites 5 étoiles de la planète. Je lui fais part de mon intérêt de suivre mes cours pour passer au niveau Advanced, et elle me dit tout bonnement qu’ayant ses titre d’Instructor, elle peut me les faire, et ce gratuitement si on va sur le même bateau. Génial! Surtout que le voyage m’aura coûté la moitié du prix que si j’avais pris le cours avec le crew du bateau... C’est donc à bord de ce bateau, le Nuan Nang, que moi et Lisa, ainsi que 6 autres plongeurs, partons explorer les fonds marins de la Mer Andaman. Au total, 3 jours et 9 plongées, dont 2 de nuit (trippant!). J’ai bien sûr pris le soin de me prendre une caméra sous-marine (les photos ne sont pas encore online, j’ai pas développé les films) pour capter ces quelques requins, tortues, poissons de toutes sortes, raies manta, etc... J’ai pas grand chose à dire sur ces 3 jours, à part: moments inoubliables de planage dans cet espace sous-marin, un gentil ballottement par les vagues et un ciel drapé d’étoiles pour lentement sombrer dans le sommeil, des îles et des plages dignes des plus belles cartes postales... À la fois je ne pouvais pas, pour des raisons de limitation de mon équipement (à ma grande frustration), capturer tous ces instants, autant il m’aurait probablement été impossible de le faire, même dans un monde où j’avais en ma possession des caméras à l’épreuve de tout, tellement la photo reste un media qui ne partage pas à 100% ce que tous les sens peuvent percevoir à la fois. Je m’en remets aux mots et à leur portée, mais il vous reste toujours l’option d’aller faire le saut par vous-même. Vous ne pourrez pas toujours compter sur mes photos! Quoi que ça fait des beaux défis pour plus tard... Tant qu’à être dans le Sud, pourquoi ne pas aller faire un peu de island hopping? Je suggère à Lisa, à qui il ne reste que quelques jours à passer en Thaïlande avant son retour en Allemagne, d’aller à Koh Lipe, près de la frontière malaysienne. La route terrestre ne nous dit pas grand chose, alors c’est par bateau, qu’on s’y rend, en faisant une halte de 2 jours à Koh Mook, tout autant digne d’intérêt. Merci à nos guidebooks, sans eux, on n’aurait jamais eu la moindre idée de l’existence de l’Emerald Cave, une caverne à même une falaise qui donne sur la mer, où l’on nage pendant une bonne vingtaine de mètres dans une noirceur totale. Elle tient son nom aux reflets vert émeraude que projette le fond marin vers le plafond, tout près de son entrée. À son autre embouchure, c’est un lagon intérieur de 30 mètres de haut/long/large, creusé comme un puits au milieu de l’île qui s’offre à nous. Un peu d’exploration et d’escalade de rochers pieds nus, et notre retour vers la falaise, où nous attendent nos kayaks, sera admiré par les dizaines de touristes qui suivent leur guide, accrochés à une corde, avec leur gilet de sauvetage, leur lampe de poche et leurs cris qui testent la « propicité » de la caverne à renvoyer l’écho. Non seulement ils ont payé cher le prix de cette visite, mais il est tout à fait inconcevable de croire qu’ils en ont autant profiter que nous, qui n’étions armé de nos maillots seulement... Koh Lipe est très différente, plutôt reggae et rasta. Les activités sont simples à deviner: hang on by the beach, prendre des bons drinks dans l’après-midi, bon repas devant le coucher du soleil, la bière (ou les démoniaques buckets) coule aisément jusqu’au coucher, dans une tente pour la plupart, ou bien une hutte, pour les plus aisés. On trouve quand même le moyen de s’évader un peu en empruntant un longtail boat vers le récif pour aller faire du snorkelling. La visibilité n’est pas aussi belle que ce que les Similan Islands nous offraient, mais on apprécie quand même les lionfish, parrotfish, trumpetfish, angelfish, whateverfish... Une petite journée passée avec moi-même, après le départ de Lisa, et je confirme mon choix. J’étais à deux doigts de passer la frontière vers la Malaysie pour y passer un peu de temps et ensuite retourner en Thaïlande, avec un visa d’un mois tout neuf, pour rester dans les îles. Mais bon, l’argent part rapidement dans ces endroits paradisiaques, alors je prends mon backpack, et je pars vers Bangkok, pour aller rejoindre Jeff et Céliane à Siem Reap, tout près du légendaire Angkor Wat. Stay tuned pour des nouvelles infos! J’ai beaucoup aimé lire vos commentaires; continuez! J’ai aussi répondu à la demande des photos trop petites, qui en laissaient quelques-uns sur leur faim!
Angkor What?
jeudi 21 février 2008
Le Cambodge! Ç’a été un assez gros choc de passer de la Thaïlande vers ce pays formely known as Republic of Kampuchea, dans au moins 2 sens du terme. Je m’explique... Premier choc: le niveau de vie est tout à fait différent, tout semble pauvre. Les vêtements perdent de leur éclat, en grande partie à cause de la poussière qui s’y accumule, soulevée par des ânes, tracteurs et des charrettes rudimentaires, qui ont pris la place des taxis colorés thaïs. Mon deuxième choc est plus direct, voire même physique et douloureux: la National Highway 6 qui m’amène de Poipet vers Siem Reap, est la moins bien entretenue du pays, d’où les chocs... Le trajet dure 3 heures, et pour ceux qui ne me croient pas, ça rentre 7 adultes dans une Toyota Camry. Je vous laisse deviner qui était le plus grand et le plus « tordu »... Bon baptême de route cahoteuse, de poussière, de transport restreint, et aussi de musique khmère (le même CD jouait en loop dans l’auto, et je commençais à connaître les paroles par cœur, malgré la langue qui m’est tout à fait inconnue). Adieu les plages, bienvenue au Cambodge! Je rencontre Jeff et Céliane, qui sont arrivés à Siem Reap un jour avant moi, et c’est avec eux que je vais aller explorer les temples légendaires construits durant l’époque angkorienne, au cours des 4 jours qui suivent. Je ne veux pas briser le mythe, mais le plus célèbre du lot, Angkor Wat, est un peu décevant. Il est immense, super bien préservé malgré ses 900 ans bien sonnés, et il reste la plus grande construction destinée à la pratique religieuse au monde. Et c’est ce qui attire d’ailleurs des milliers de touristes par jour. Vous me connaissez, j’aime explorer, j’aime photographier. Tous les racoins, escaliers, balcons... qui ont l’air un peu plus périlleux (donc intéressants, à mon avis) sont interdits d’accès au public. Il faut donc rester dans les beaten tracks, et par conséquent, dans le meilleur des cas, cadrer une demi-douzaine de touristes dans la photo... À environ 3 kilomètres de là, on trouve Bayon, mon préféré des temples qui font partie du circuit que je qualifierais de touristique. Plus petit, mais combien plus impressionnant! Les structures sont quasi-intactes, les façades ont subi l’érosion du temps, mais on peut toujours très bien sentir le regard pesant des dizaines de visages sculptées sur une des 54 chedis (pignons de pierre en forme conique). Ces 216 figures souriantes sont une représentation du roi Jayavarman VII, et ont un œil sur vous, peu importe où vous êtes dans le temple. Un roi qui vous guette sans arrêt laisse croire qu’il ne devait pas laisser son peuple aller à la dérive... Seul bémol, étant donné son accessibilité, trop de visiteurs... Autres temples dignes de mentions: Ta Prohm, avec ses arbres envahissants, qui ont d’ailleurs inspiré les créateurs du film Tomb Raider pour une des scènes. C’est durant le tournage de ce film qu’Angelina Jolie a pris conscience de la pauvreté du pays, ce qui l’a menée à adopter un Cambodgien. Banteay Kdei, pour la vision qu’il offre. Du haut de cette pyramide, regarder le soleil se coucher sur les rizières du complexe d’Angkor Thom est tout simplement à couper le souffle, tandis que Sra Srang, tout juste à l’est, offre au soleil levant une splendide réflexion sur l’eau de son immense bassin. Preah Khan, pour sa simplicité, son étroitesse et son allure de labyrinthe... et plusieurs autres! Je garde mon préféré pour la fin: Beng Mealea. Il faut environ 2 heures de tuk-tuk pour s’y rendre, 2 heures passées sur la cahoteuse NH6 (décrite tout en haut...), mais qui en valent la peine! Premièrement, son éloignement du trajet habituel fait en sorte que les touristes préfèrent le sauter et faire le principal en restant près de la ville de Siem Reap. Nous avons passé près de 5 heures dans ce temple, et nous avons rencontré au grand total environ 10 visiteurs, qui, comme nous, préfèrent vivre l’exploration à la Indiana Jones (comme le décrit mon précieux guide de voyage). Deuxième bon point, aucune restriction sur l’accessibilité n’est imposée! C’est donc sur les ruines que nous visitons ce temple, aux même impressionnantes dimensions que le célèbre Angkor Wat. Il n’est évidemment pas aussi bien conservé que ce dernier, les vignes, les lianes et la végétation ayant vraiment pris le dessus sur le méticuleux travail de ceux qui l’ont bâti plusieurs siècles auparavant. Et c’est ce qui lui donne tout son charme! La cerise sur le sundae: plusieurs jeunes Khmers ont pris soin de nous guider à travesr les méandres de ce temple littéralement avalé par la jungle. Non pas qu’on avait besoin de guide, mais ils ont été de très bonne compagnie pour nous divertir! Autant ils étaient fascinés de se voir sur l’écran de nos caméras, autant on l’était en les regardant sauter de roches en roches avec aisance, alors que je n’oserais à peine faire un petit saut au-dessus d’une de ces crevasses! Nous avons entretenu cette relation donnant-donnant jusqu’à la fin de notre exploration. Ils ont vraiment le meilleur terrain de jeu, y a pas à dire (on pouvait par contre observer un bon nombre de cicatrices sur leurs jambes, bras, visages... signe qu’il ne réussissent pas toujours leurs sauts!). Ah oui, je ne peux omettre de mentionner notre merveilleux snack que nous avons eu au beau centre du complexe, constitué de baguettes françaises, de beurre d’arachides et de bananes.... miam, le paradis! Bon, assez de temples pour un bon bout de temps! Prochaine étape: le reste du Cambodge! Une idée a germé dans ma tête pendant le trajet de retour à partir de Beng Mealea. Pourquoi voyager en autobus/train/taxi/tuk-tuk... ? Pourquoi toujours être dépendant des transports déjà établis? Pourquoi ne pas me déplacer à ma guise??? Le lendemain, je trouvais le deal qu’il me fallait: l’expertise coréenne à son meilleur, une Daelim Citi 100 Deluxe, petite motocyclette de 100cc, tout juste assez puissante pour me transporter à travers le Cambodge (je l’espère), vers le nord du Laos (je croise les doigts), et ensuite vers le sud du Vietnam (je touche du bois), où je pourrai sans doute la revendre à bon prix (là, je rêve sûrement en couleur). Après 2 jours de préparatifs et de festivités avec des Anglais, je reprends la merveilleuse NH6 à cheval sur mon bolide, et c’est un autre baptême que je reçois, celui de la poussière excessive! Ma première destination est Battambang, deuxième plus grande ville du pays. Je n’y reste que deux jours seulement, qui sont bien assez pour explorer les rues et marchés, et aussi pour prendre un cours de cuisine khmère. Quoi? Ça fait beaucoup de testostérone d’un seul coup, m’acheter une moto. Faut bien que je renverse la vapeur un peu...! Pour me rendre au sud du pays, je dois me rendre vers la capitale Phnom Penh. La route est beaucoup trop longue pour la faire en une seule journée et il n’y a rien à faire, rien à visiter, et nulle part où rester à dormir d’intéressant sur le chemin. Je me fais suggérer d’embarquer ma moto sur un pick up, question d’économiser temps, argent, et par le fait même mon confort (la moto, c’est dur sur le bas du dos...). Du jamais vu: 34 personnes, 10 poches de riz, 5 motos, et un chien. Pour les sceptiques, je vous jure que ça fit sur un pick up! Preuve photo sur demande. La simple opération de charger le camion a pris 1h30, qu’il faut rajouter au temps passé à trouver le pick up (et c’est raté pour l’économie de temps). Le tout m’a coûté 9$, ce qui revient à peu près au même prix que si j’avais pris mon propre transport (et c’est raté pour l’économie d’argent). J’avais pourtant une place de choix dans le cargo, étant le seul darang (étranger) à bord: assis sur une des motos (et c’est raté pour le confort!). Malgré tout, je crois que l’expérience en a valu la peine, puisque j’ai pu parler (ou plutôt communiquer) avec les passagers, notamment les jeunes qui connaissaient quelques mots anglais. Ils ont bien entendu adoré la phase où je leur faisais prendre des photos avec mes caméras, comme c’est souvent le cas avec des enfants qui ont tout ce qui est plutôt technologique hors de portée. Mon séjour à Phnom Penh a été de courte durée, car j’ai quitté la capitale le matin au lendemain de mon arrivée. N’ayant pas pris le temps de visiter la ville du tout, je garde ça pour dans quelques jours, quand j’y serai de nouveau, pour prendre mon visa vers le Laos. Pour l’instant je suis à Sihanoukville, dans le sud du pays. J’avais un but plutôt égoïste, pourrais-je dire... Célébrer ma fête sur une plage! Chose faite! Je vous laisse en vous disant que vous pouvez envoyer vos cadeaux d’anniversaire sous toutes formes (par là, j’entends toutes forme de monnaies (dollars US ou CAN, riels, baht, kipes, roupies....)) directement dans mon compte! Non sans blague, ne m’envoyez pas d’argent, je me sentirais mal! Surtout avec rien en échange. J’ai cependant la volonté de mettre certaine de mes photos à vendre lors de mon retour. Il a bien une ou deux photos parmi la multitude que je vous présente qui ferait bonne figure dans votre salon... non? Faites-moi part de votre intérêt, je tâte le terrain. Agissez vite si vous voulez l’exclusivité sur l’une d’entre elles cependant! Suffit pour les mots, je laisse place aux photos. Li Hay!
Need motorbike, Sir?
mercredi 26 mars 2008
Chom Reap Sour! Du bon temps passé sur les plages de Sihanoukville, la place de choix pour les vacances des Cambodgiens. Je dois cependant admettre que ça n’a rien à voir avec les quelques resorts Thaïlandais, 10 fois plus paradisiaques et moins bondés de touristes et de vendeurs de cossins. Pour s’échapper du déjà vu, moi et Gemma partons pour une journée d’exploration aux chutes Kbal Chhay. Pas grand chose à y voir, à part un plateau de télé qui tournait une séquence sur des rochers tout près de la chute. On continue sur ma vaillante machine (faut je lui trouve un nom, vous avez des suggestions? Je pensais à Octave...) en direction d’un petit village, Stung Hau, principalement occupé par des familles de pêcheurs. Durant notre promenade, on était littéralement assaillis par les « Hello! » des enfants qui nous voyaient. Les étrangers étant sûrement très rares à se balader dans ces environs, j’avais vraiment l’impression d’être la Reine en parade officielle dans la rue qui envoie la main à tout le monde qui l’acclame! J’en ai profité pour capturer quelques portraits des enfants super accueillants, avant de reprendre le chemin cahoteux, sans toutefois omettre de s’arrêter dans un petit chantier de bateaux pour voir le soleil se coucher. Bye bye Sihanoukville, fini le chilling by the beach! Ma route continue sur la National Highway 4, vers la capitale. Probablement que l’appel urbain n’est pas encore assez fort dans mon esprit, je bifurque donc vers le sud pour longer la côte, question d’aller passer un peu de temps à Kampot. J’y rencontre de nouveau Gemma: par hasard, je choisi la chambre voisine à la sienne, sans même savoir qu’elle était dans cette auberge! Elle va croire que je la suis... Bon qu’est-ce qu’il y a à faire dans cette ville? À part leur réputation mondiale pour leur poivre de qualité, les habitants de Kampot n’ont pas grand chose d’exotique à offrir. À part bien sûr leur hospitalité! Cette charmante ville offre aussi une architecture très influencée par l’occupation française durant la colonisation. Du haut du toit de mon auberge, Ta Eng, je peux relaxer à la fin de la journée et regarder le soleil se coucher sur cet ensemble de bâtiments qui semble hors contexte, si frais et modernes, dans ce paysage poussiéreux et sec. La ville est petite, et on peut en faire le tour en un après-midi, à pied. À visiter, le marché central, Psar Leu, qui offre une multitude d’items hétéroclites pour un prix à mon étonnement, plutôt bas. J’en profite pour faire quelques réparations et modifications mineures sur ma moto, entre autres l’ajout de pegs pour reposer les pieds d’un passager (à la demande de Gemma) et de miroirs, le tout, pour moins de 4$... L’école secondaire offre à tous les débuts de soirée une prestation musicale au rond-point principal, qui est immense pour une si petite ville. On y retrouve beaucoup de jeunes qui s’amusent à cette foire quotidiennement installée. Ensuite, quoi de mieux qu’un bon repas sur le bord de la rivière ou bien sinon au Blissful Guest House, où le proprio, un Anglais maniaque de moto, se fait un plaisir de nous montrer ses talents de cuisinier, ses plants de poivre et quelques trucs et astuces pour ma traverser de l’Asie en moto. Kampot, c’est bien d’y rester, mais il faut explorer les environs. Une vingtaine de minutes sur ma machine et j’arrive à Kep, une toute petite ville qui était à l’origine une villa de vacances pour le Roi. De belles plages, quelques restos en leur bordure et la possibilité de prendre un bateau pour visiter les villes avoisinantes. Lors d’une de mes 4 visites à Kep, je décide de passer une journée relaxe sur les plages de Rabbit Island (elle ressemble, à ce qui parait, à un lapin...) en compagnie de quelques Français hyper-sympas rencontrés par hasard dans un resto. L’île est plutôt petite et on y fait le tour en environ 2 heures. Mon plan initial était de rester à coucher sur l’île et de squatter l’espace entre deux arbres pour installer mon hamac près de la plage, mais j’ai commencé à me sentir malade dans l’après-midi, et j’ai décidé de retourner à ma chambre pour passer une nuit tranquille. La chance veut qu’un des Français avec qui j’ai passé la journée, Loïc, est un médecin à la retraite qui, avec sa femme Marie-France, ont été très compatissants et m’ont apporté soins et conseils. Je les remercie encore une fois de plus, s’ils lisent ces lignes! Sur le chemin du retour, je fais un arrêt pour visiter des cavernes hyper hautes, avec six jeunes garçons comme guides, qui se sont partagés avec joie le dollar que je leur ai offert avant de quitter! Mon séjour dans le sud du pays tire à sa fin, et c’est Phnom Penh qui m’appelle pour que je lui donne une deuxième chance. Déjà, à mon arrivée, je repère la rue qui mène aux Guest Houses près du Boeng Kak Lake, qui m’avait échappée à ma dernière visite. Une chambre plutôt simple (un lit, un miroir, un ventilateur) va me suffire pour les prochains jours, surtout avec les 3$ qu’elle me coûte par nuit. Je peux commander de la nourriture variée et la savourer où il me plaît dans la maison. Un quai s’avance sur les eaux verdâtres du lac. Malgré son incroyable pollution (les locaux disent « Look on the lake, but not in it! »), il offre tout de même une réflexion intéressante lors du coucher de soleil. Capsule historique: Phnom Penh est reconnue pour avoir rapidement évolué durant les dernières décennies, constamment en changement, en grande partie à cause des conflits dont elle a été témoin. Elle fût totalement vidée en avril 1975, alors que l’armée des Khmers Rouges ait faussement annoncé à la population que les Américains allaient bombarder la ville d’ici quelques heures. Cet avertissement était un prétexte pour prendre le contrôle du pays. Il faut comprendre que les Américains avaient en effet laissé tomber des bombes sur un petit village cambodgien juste avant, par erreur, ayant pour cible véritable les Youns (Vietnamiens). À peine 3 heures après avoir débarqué dans la ville, elle était vide, ce qui allait constitué l’étape 1 du plan des Khmers Rouges, supposés « Libérateurs du peuple Khmer ». Dans les années qui ont suivies, Pol Pot a pris le contrôle de l’armée et le chaos s’est répandu à la grandeur du pays, faisant plus de 2 millions de victimes. Parmi elles, on retrouve toutes personnes qui étaient « corrompues par l’Ouest ». En gros, ça veut dire que tout Khmer ayant de l’éducation se voyait tué sur le champ, ou bien torturé pour qu’il dénonce d’autre « instruits ». Pol Pot voulait ramener le Cambodge (aka The Republic of Kampuchea) à une économie basée sur l’agriculture, pour qu’elle soit le grenier de l’Asie du Sud-Est. À ce moment Phnom Penh était toujours inoccupée, à part par l’armée qui y établissait des prisons et des camps d’extermination... Ce sont les Vietnamiens qui ont fait avancer leurs frontières sur le territoire khmer pour défaire l’armée de Pol Pot. Si cette histoire vous intéresse, lisez ça: First they killed my father. Une histoire racontée, à travers les yeux d’une cambodgienne, alors qu’elle n’avait que 5 ans en 1975, à la prise de pouvoir par les Khmers Rouges. Touchant. Durant les jours qui suivent, je visite les attractions principales autour de la ville. Par attractions, je ne veux pas dire du style Disney Land... Tuol Sleng, aussi connue sous le nom de S-21, était une école primaire qui s’est vue transformée en prison pour les captures de l’armée de Pol Pot. Ces pauvres hommes, femmes, enfants et vieillards se voyaient enfermés, enchaînés par dizaines dans ce qui servaient autrefois de salles de classe. Choisis au hasard ou au « feeling » certains d’entre eux se voyaient torturés jusqu’à la mort pour obtenir des informations qui permettraient de trouver les « traîtres » qui se cachaient un peu partout dans les campagnes du pays, masquant leur éducation et se séparant volontairement de leurs proches, pour pouvoir échapper aux mains de l’armée sans pitié. La plupart des prisonniers n’avaient pas cette chance et étaient conduits à Choeung Ek, aussi appelé Killing Fields. Pas trop besoin de vous expliquer de quoi il s’agit... Un terrain où des fosses se juxtaposent, et où les prisonniers étaient abattus à l’aide d’un coup de barre de fer derrière la tête, les yeux bandés, agenouillés devant le trou. Pour économiser les précieuses balles de fusil, leur mort s’officialisait d’un coup de couteau à la gorge. En se promenant sur ces lieux, il est impossible de ne pas sentir toutes les atrocités qui se sont déroulées ici il y a 30 ans. Pour nous faciliter la mémoire, des morceaux de tissus à moitié décomposés émergent parfois du sol et une boîte est mise à la disposition des visiteurs pour y déposer des objets trouvés, comme des dents ou ossements... Émouvant, mais indispensable pour comprendre le Cambodge. Dans un autre registre, le marché central Psar Thmei excelle dans sa variété de produits de toutes sortes. Électronique, vêtements, produits alimentaires, bijoux, lunettes, montres... un vrai Wal-Mart version khmère! Vous cherchez de l’insolite? Quoi dire d’une tête de cochon, des fausses caméras Canon, des tarentules frites, etc. Tout ça gardé par des agents armés de AK-47...! Pour le reste de mon séjour à Phnom Penh que je commence finalement à bien aimer, je me dis qu’il faut bien que je me mette à profits. Surtout que je dois attendre 6 jours en ville pour attendre mon visa pour le Laos... chose que je n’avais pas prévue. Alors que je prenais mon repas quotidien au All You Cat Eat Indien du coin, j’ai rencontré de nouveau Phil, un Anglais que j’avais croisé à Sihanoukville quelques jours plus tôt. Il a trouvé la façon de passer le temps ici, en travaillant dans un orphelinat. Le lendemain, j’y fais une visite, et c’est trop tard, je suis conquis par les enfants! L’orphelinat se trouve à environ 20 minutes de moto de ma Guest House, et je me surprends à m’installer dans le trafic de façon routinière assez rapidement. Car, oui, travailler au S.C.A.O. (Save Children In Asia Organization) fait maintenant partie de mon quotidien, depuis près de 20 jours. Au programme de mes tâches, on y retrouve l’enseignement de l’anglais. Ces enfants de 6 à 13 ans de moyenne, connaissent la base seulement, donc il me suffit de revoir des mots de vocabulaire, et des verbes simples, en passant par les couleurs et les chiffres. Leur progression à travers la matière n’est malheureusement soutenue par aucune institution. Situé juste à côté de l’école publique du village, l’enseignement offert gratuitement par le proprio de l’orphelinat ne jouit pas de l’organisation et de l’encadrement de sa voisine. Au total, 7 orphelins y habitent officiellement, mais quelques 50 autres élèves du village de Boeng Chhouk y viennent, ne pouvant se permettre les 60$ par mois du coût de l’éducation (certains foyers ne font que 300$ par mois). À part l’enseignement, je ne fais qu’offrir mon temps avec les enfants en jouant avec eux. Ils ont beaucoup d’énergie, et draine la mienne assez rapidement, surtout quand l’un d’eux a la bonne idée de me demander de le faire tourner dans les airs en le tenant par les mains, puisqu’ensuite, je dois le faire pour tous les autres! J’ai aussi pris l’habitude d’apporter des fruits variés à tous les jours, les pommes faisant toujours partie du lot. C’est d’ailleurs ce qui m’a valu le surnom de Mister Apple, ça, et le logo en forme de pomme sur mon ordinateur... Ce centre d’aide aux orphelins n’est installé que depuis décembre 2007 et se trouve en constante évolution. Durant mon séjour, plusieurs murs de briques se sont bâtis, un plancher de béton a remplacé la terre battue, du matériel scolaire décent a fait son apparition (tableau blanc, dictionnaires, livres anglais, cahiers et crayons) et une structure de l’organisation scolaire a commencé à s’édifier. Tout le monde aide du mieux qu’il le peut. Un maçon Français guide le groupe pour le plancher de béton; un Américain, Scott, fait des plans officiels des projets à venir; Phil, en businessman qu’il est, tente de regrouper des commanditaires locaux et internationaux... Pour ma part, vous l’aurez deviné, je prends des photos! Au début je voyais mes photos seulement comme une bonne façon de décorer leur salle de classe, mais une autre idée m’est venue en tête. Il m’a fallu ressortir un autre de mes intérêts, la création de site web, même si je n’avais pas du tout prévu en faire en voyage! Quelques minutes de planification avec Mr. Samith, le proprio, et certains des volontaires présents, et le site était en ligne 2 jours plus tard! Pour les intéressés: www.savechildreninasia.org. Après les leçons d’anglais et quelques minutes épuisantes à jouer dehors dans le gazon du terrain voisin, on fait la pause en mangeant un bon repas khmer, savouré assis sur le plancher de bois du balcon du deuxième étage. Au départ, je me sentais mal à l’aise de manger de la nourriture destinée à nourrir des orphelins, mais avec le temps, je réalise qu’ils sont offusqués si je n’accepte pas. Heureusement, car la femme de Mr. Samith nous cuisine avec brio des soupes, légumes frais, poulet, bœuf, porc ou bien poisson, toujours accompagnés de riz collant! Durant les travaux, on fait parfois une petite sieste dans un hamac pour relaxer alors que l’intensité maximale de la chaleur est atteinte. La dernière classe se termine vers 6h, alors que le soleil commence déjà à se coucher (c’est l’hiver ici aussi!). Je fais parfois des lifts de retour aux visiteurs, question d’aiguiser mes réflexes de conduite dans la noirceur, avec passager(s), et pour leur épargner de payer 1$ sur un tuk-tuk. (Petite parenthèse: je fais une levée de fonds pour les matériaux de l’orphelinat que j’ai payés de ma poche, avec les autres volontaires. Si quelques dollars semblent de trop dans vos poches, sachez qu’ils font toute la différence ici! Communiquez avec moi ou plus localement avec mes parents. Bientôt, il y aura sur le site de S.C.A.O. un compte PayPal pour recevoir des dons en ligne. Merci!) On arrive parfois juste à temps pour voir ce fameux coucher de soleil sur le lac. Durant la soirée, c’est le temps de prendre ça easy! Un bon repas et quelques bières avec les volontaires, les passants, les nouveaux venus, n’importe qui, finalement... Mon resto préféré, comme mentionné plus haut, est le All You Can Eat de bouffe indienne. Non seulement c’est excellent, mais ça coûte seulement 2$! Je dois faire partie des clients avec qui ils ne font pas beaucoup de profits. Tout de même, le proprio me reconnaît et me demande comment je vais quand j’arrive! La rue no.93 (aka Lakeside) offre tout plein d’autres restos et bars que je m’efforce de tester jours après jours! Il y en a pour tous les goûts: bouffe khmère traditionnelle (Beef Luk Lak, Amok Fish...), indienne et Occidentale (burger, spaghetti…). La seule chose qui ne va pas me manquer à propos de ce petit coin de pays, ce sont les chauffeurs de tuk-tuk. Ils sont par dizaines dans cette rue qui ne fait à peine 500m, et n’hésitent surtout pas à demander à tout le monde « Need tuk-tuk, sir? ». Ça peut parfois s’arrêter à ce niveau, mais plus souvent qu’autrement, ils ambitionnent. Exemple: « Hey my friend! (claquement de mains ou sifflement pour attirer l’attention) How are you? Need motorbike? » « No thanks » Je continue de marcher. «Where do you go? Ok, today, you go to the Killing Fields? I take you there for only 10$. Good price, just for you! Or you visit S-21, Ok I take you there too, Ok my friend? » « No thanks! » À ce moment il me suit. « Ok Ok (chuchotements)... you wanna smoke marijuana? (il sort et montre sa marchandise) Good stuff, only 15$. » « No thanks!!! » « I’ve got Ecstasy, what is you want? I have! Everything you want! » « NO THANKS!!! » ETC... Multipliez par 10 ce nombre de « discussions » pour vous donner une idée de ce qu’il faut endurer pour aller se chercher une bouteille d’eau au magasin du coin: 5 pour s’y rendre, et les mêmes 5 sur le chemin du retour... Dans les premiers jours j’avais une rage incroyable à leur exprimer, mais avec le temps on s’immunise. Par contre, ce qui me frustre toujours, c’est que même après 3 semaines ici, ils ne me reconnaissent toujours pas. Bref, je considère fortement me faire imprimer un t-shirt avec « NO THANKS, I HAVE MY OWN MOTORBIKE! » écrit en gros caractères! Malgré tout, Phnom Penh s’est bien sauvée de sa première impression. J’ai adoré mon temps passé ici, et je compte bien savourer les quelques jours qu’il me reste. Je dois traverser la frontière vers le Laos autour du 10 avril, ce qui me laisse vaguement 2 semaines pour visiter le reste du Cambodge. Toujours à cheval sur ma moto, je me rends vers Ratanakiri et Mondulkiri, deux régions du Nord-Est qui se doivent d’être visitées, surtout qu’elles sont sur mon chemin vers le Laos. Ça a fait beaucoup d’écriture pour les trois dernières semaines... J’espère que vous avez été assez brave pour passer au travers! Je me cherche d’ailleurs un traducteur qui, à temps perdu me traduirait le tout dans un anglais acceptable, question de satisfaire les voyageurs que je rencontre qui n’ont pas la chance de communiquer en Français! Saèm Soua Sadaï!
Phnom Penh - Vientiane en 20 jours
samedi 19 avril 2008
AVERTISSEMENT: Plus mon voyage avance, plus mon imagination me pousse à écrire. Le texte est LONG, j’ai donc mis quelques photos pour l’alléger... Installez-vous confortablement et bonne lecture!
Si la lecture vous ennuie, passez au message en bas de page. L’IDÉE DE DÉPART... Près de 900 km à vol d’oiseau séparent les deux capitales. Une route plutôt impressionnante et modérément soutenable en autobus entre le Cambodge et le Laos et qui doit possiblement se compléter en 3 jours. Malheureusement pour moi, ma moto n’a pas d’ailes et malheureusement pour ma moto, mon goût de l’aventure nous tire souvent hors des sentiers battus. Je ne peux vous dire quelle distance j’ai parcouru à travers ce bout de paysage d’Asie (mon odomètre étant soit débranché ou bien mal-fonctionnel) mais ça doit être près des 2000 km. En 20 jours, tout juste.
PHNOM PENH Je quitte Phnom Penh après m’avoir débarrassé de tout mon superflu. On en accumule, du stock pendant un mois, surtout quand nos économies abondent et que tout est abordable. Bref, je remets mon sac de couchage, une serviette de trop, ainsi que les dons (WOW! MERCI À TOUS CEUX QUI ONT DONNÉ !!! UN TOTAL DE 270$ A ÉTÉ REMIS À MR. SAMETH ET À L’ORPHELINAT! TOUS LES DONS EFFECTUÉS APRÉS MON DÉPART DE PHNOM PENH, SERONT REMIS À MON PROCHAIN PASSAGE AU S.C.A.O., APRÈS LE LAOS ET LE VIETNAM. MERCI ENCORE!) et une poche de riz de 50 kg. À ma grande surprise, Mr. Sameth et fa famille me remettent un sac qui contient un foulard khmer, un kroma traditionnel. Je promets de veiller sur lui et de le garder en tout temps avec moi pour me porter chance — je vais en avoir besoin pour la suite... Déchirant départ...
KOMPONG CHAM La route qui mène à Kompong Cham est superbe, et c’est parfait pour remettre d’aplomb mes réflexes, après un mois de conduite plus qu’occasionnelle sur de courtes distances. La ville de K. Cham, la capitale de la province qui porte le même nom, se trouve sur la rive du Mékong. Mon guide de voyage m’indique un temple qui jouit d’une bonne réputation que je m’empresse de tester. En effet, mais je dois avouer qu’après Angkor Wat, Bayon, Beng Mealea et cie, ça va en prendre beaucoup plus pour m’impressionner! Je me fais tout de même interpeller par une dame qui me demande en anglais cassé si la danse khmère m’intéresse. Elle quitte et je ne comprends pas trop sa requête jusqu’à ce qu’elle revienne avec une chaise de plastique qu’elle dispose devant un tapis vert, sous un arbre. Les enfants ne tardent pas à sortir de ce qu’il leur sert de maison et d’école. Ces orphelins pratiquent la danse traditionnelle comme discipline et offrent aux touristes et aux visiteurs des représentations quotidiennement. Étant le seul « touriste » sur place, j’assiste donc à plusieurs danses pendant une bonne heure! Magnifique (ils sont bien meilleurs que moi...) ! J’imagine que les passants donnent un don et puis quitte ensuite, mais j’aimerais bien rester encore un peu. Je leur demande avec le peu de khmer que « mes étudiants » m’ont appris si je peux rester à dîner avec eux. Ils acceptent avec plaisir et c’est sur ce même tapis vert que l’on mange notre repas. Je les remercie, leur offre quelques dollars et reprends les quelques kilomètres de route jusqu’à K. Cham. À partir de ce moment, le Mékong sera mon compagnon de route, puisqu’il prend source très au nord (au Népal, je crois), et passe par Vientiane. Un énorme pont traverse le fleuve pour devenir la National Highway 7, qui se rend à Kratie (prononcez « Kratchié »), où je dois me rendre. Après une bonne nuit de sommeil, je jette un œil à ma carte (une copie qui date de 2003, peu fiable...) et me demande si cette route qui suit le Mékong au lieu de le traverser ne serait pas une meilleure option. N’ayant aucune ressource et étant têtu de nature, je décide simplement de quitter la ville vers le nord, en gardant en vue la rive du fleuve sur mon flanc droit, espérant ainsi me rendre à Kratie d’une façon différente. La route se révèle merveilleuse. Bon choix! Malgré sa plus petite distance en comparaison avec le loop de la NH7, sa condition fait en sorte que je ne peux pas aller aussi vite que sur le pavé, mais c’est bien mieux ainsi, mes yeux en raffolent! À un certain point, je tente de communiquer pour savoir les directions vers Kratie et on m’indique une barge qui s’apprête à quitter la rive avec quelques piétons, motocyclistes et leur véhicule à bord. La traversée dure à peine 10 minutes, mais c’est bien assez pour socialiser avec un homme dans la quarantaine qui m’offre une baguette de pain contre un court échange qui vise sans doute à pratiquer son anglais! La route continue à garder le même charme jusqu’à ma destination du jour.
KRATIE Kratie, c’est pas grand chose, à part la fameuse escale en bateau sur le Mékong pour observer les Trey Pisaut, les dauphins d’eau douce. Ils sont moins d’une centaine en vie de nos jours et ils se nourrissent à un endroit très spécifique de la rivière. Sur place, je rencontre Michael, un maniaque de moto et qui s’est loué une motocross à Phnom Penh et tente le même trajet que moi dans le nord-est, mais faisant la boucle en sens inverse. À bord d’un petit bateau, pour la modique somme de 7$, on passe près d’une heure à tenter de les photographier durant leur brève apparition à la surface... avec peu de succès. C’est à Kratie que j’ai dû faire un choix. Vous allez avoir besoin d’une carte du Cambodge pour comprendre la suite. La route qui mène à Stung Treng, tout près de la seule frontière Cambodge-Laos, est relativement facile et se fait en une journée. Il reste un peu moins de deux semaines sur mon visa cambodgien et je compte bien l’utiliser à son maximum! J’ai donc ruminé pendant 2 jours à Kratie, ayant en tête une idée bien précise : parcourir la route légendaire auprès des motocyclistes avertis qui relie les provinces du Mondulkiri et du Ratanakiri, à l’extrême nord-est du Cambodge, près de la frontière politique et naturelle (chaîne de montagne Annam) du Vietnam. Seul problème: j’ai bien dit motocyclistes AVERTIS! Deux mois d’expérience, même si c’est au Cambodge (les pires routes de l’Asie) c’est à peine effleurer l’avertissement! Ai-je mentionné mon naturel entêtement? ...
SEN MONOROM Sen Monorom, capitale du Mondulkiri, se trouve à environ 200 kilomètres de Kratie et je me dois de m’y rendre en une seule journée puisqu’il n’y aucune place pour arrêter dormir — en fait oui, mais j’ai décidé de prendre un chemin différent, pour éviter une fois de plus la NH7, évitant par le fait même la seule ville offrant refuge pendant la nuit... C’est donc dans des petites trails de motocross que je me retrouve, un peu perdu par moment. Il faut dire que mes seules indications étaient en khmer la plupart du temps. Un peu de pluie me ralentit sur la route, toujours en construction par le gouvernement chinois. Freinés mais pas arrêtés, ma moto et moi continuons la route. Je me rends compte que la population est beaucoup moins concentrée dans cette partie de pays. Auparavant, partout où il y a une route, quelqu’un habite tout près. Ici, il faut parfois attendre de longues minutes avant de voir signe de vie. Un peu moins pratique en cas de besoin de réparation(s)... Quelques minutes avant d’arriver à Sen Monorom, le paysage du Mondulkiri (signifie littéralement: là où les montagnes se rencontrent) change complètement et devient plutôt vallonné, signe qu’on se rapproche du Vietnam. Bien qu’elle porte la mention de capitale de la province, Sen Monorom n’a rien de plus « officiel » ou « administratif » que bien d’autre villages rencontrés sur le chemin. J’y reste tout de même deux jours, mais cette fois-ci avec mon idée bien ancrée de traverser la légendaire route. Après avoir demandé à bien des locaux, des touristes et même des « échoués » (ceux qui sont au Cambodge depuis des années et vont probablement y être pour les prochaines à venir) tout le monde me dit la même chose: il faut être accompagné, préférablement d’un guide qui connaît la route par cœur (variant de 50 à 70$, ouch), avoir une bonne carte, une boussole, voyager léger, posséder une trousse de réparation pour les motos, apporter de l’eau pour ne pas en manquer et finalement, avoir le nécessaire pour passer la nuit dans la brousse si quelque chose tourne mal. En attendant de trouver quelqu’un qui voudrait bien partir avec moi, je rencontre Jack et Ruth qui construisent un abri au beau milieu de la jungle pour un projet de trek à dos d’éléphant mis en branle 2 ans auparavant (elephantvalleyproject.org). Je leur demande s’ils ont besoin d’aide pour la construction. Le lendemain matin, j’enfourche ma moto et je suis Ruth à travers une merveilleuse trail digne d’un jeu vidéo qui mène au refuge pour éléphants. Notre avant-midi n’est pas trop demandant, et la construction de la structure du toit de bambou plutôt simple à comprendre. Pour le reste de la journée, on relaxe dans un hamac, avec, devant nous, la jungle qui crie de tous ses habitants. En après-midi, Ruth et la copine de Jack me mène vers une petite chute où l’on se baigne avant de reprendre la marche vers le refuge. Sur le chemin, un éléphant nous regarde passer en mangeant des pousses de bambou. Superbe. Toujours en suivant Ruth, les insuffisantes 25 minutes de jeu vidéo nous font tomber en transe, alors que le soleil se couche sur notre gauche. En fin de soirée, je finis par convaincre ce dernier d’être mon compagnon pour me rendre au Ratanakiri. Il a les outils de réparations, une moto fiable, une carte routière très récente, etc. Le lendemain matin, alors que nous sommes préparés à quitter Sen Monorom, Ruth m’apprend qu’il doit malheureusement changer ses plans, car il doit aller à Phnom Penh pour régler des comptes avant le Nouvel An (qui paralyse tout au pays). Il est 7h du matin, ma moto et moi étions tout préparés mentalement à tenter notre chance. Je vous ai déjà parlé de mon entêtement perpétuel?
KOH NHÈK Cette route, qu’est-ce qu’elle a de spécial, vous vous demandez? Eh bien voilà: de Sen Monorom à Koh Nhèk, ce sont environ 100 kilomètres de route de terre battue qui m’attendent. La route est en mauvaise état, mais au moins, on ne peut pas se perdre. Je reste à Koh Nhèk une nuit, ne pouvant faire le trajet total en une seule journée. Cette ville est minuscule, et je suis le seul falang (étranger) à des kilomètres à la ronde. En fait c’est ce que je crois, jusqu’à ce que j’aperçoive Michael, qui déguste un bière avant de partir vers Sen Monorom sur sa motocross! Je commande une bière froide et lui demande quelques infos sur la route. Je dois admettre que j’avais espoir de trouver quelqu’un à partir de cette ville pour le reste du trajet, mais Michael me dit que je peux probablement tenter ma chance. « Chance » est le mot. C’est à partir de Koh Nhèk que les choses se gâtent... Seulement 56 km de « route » à franchir avant d’arriver à Lumphat, là où la piste reprend des allures plus civilisées. Mais cette « route » prend plusieurs visages tout au long de sa course. Parfois en terre battue, mais la plupart du temps sablonneuse, « bouetteuse », parsemée de troncs d’arbre, de roches pointues, de branchages, etc. Des fourches qui invitent à la réflexion viennent plus souvent qu’on ne le croit. Il faut parfois revenir sur ses pas pour tenter l’autre branche. Des indications en khmer peu précises offertes par les quelques villageois rencontrés seulement sur les premiers 20 km. Un total de 10 personnes (tous des locaux) aperçues tout au court de la journée; je dis « aperçues » puisqu’ils roulent à toute allure, ayant probablement grandi sur ces terres et les connaissant par cœur. Ô grand jamais en ligne droite, autant sur l’axe horizontal que vertical; ça devient rapidement un jeu vidéo, plutôt intense, qui met à l’épreuve corps et esprit pendant plus de 6 heures consécutives. Un jeu vidéo mais sans la possibilité de recommencer à volonté... Je n’ai été la victime de l’addition de la gravité et de la célérité que 3 fois durant le trajet. Cela m’a valu quelques brûlures, coupures, blessures. Pour ma moto, sur le compte final, je note un miroir brisé, une chaîne slack, un guidon crochu, un repose-pied perdu, beaucoup de boue sur le moteur... etc.
LUMPHAT Lumphat est une vraie surprise et je la savoure pleinement. La route stoppe brusquement et tombe sur une rive, où un jeune homme dort dans son hamac. Je croyais être totalement sur la mauvaise voie, puisque mon odomètre récemment activé à Sen Monorom indiquait encore une grande distance à parcourir (je découvre au cours de la semaine qui suit qu’il donne de fausses indications sur la distance parcourue, tout comme sur la vitesse...). Il faut le réveiller, lui donner 2000 riels (à peine 50¢) pour qu’il transporte ma moto sur l’autre rive sur sa barge de bambou. Eh voilà! C’est accompli! En bout de ligne, il n’y a rien à voir, rien à faire sur cette mythique route. Je crois que le simple fait de dire qu’elle est derrière nous est un exploit qui en vaut les embrouilles. Et je vais même avoir quelques cicatrices sur les mollets pour le prouver... ou me le rappeler!
BAN LUNG Prochaine ville, Ban Lung. Étrangement, on se croirait dans un film de Far West à la Sergio Leone. Une rue principale plutôt large, poussiéreuse, et flanquée de magasins, de boutiques et d’habitations, toutes accoudées les unes aux autres. Il ne manque que Clint Eastwood sur le point de dégommer un gringo sur les coups de midi... La principale attraction de cette ville reste les chutes et lacs à proximité de l’agglomération. Mon temps étant limité, je décide d’aller relaxer sur les rives du lac Yeak Lom, qui aurait été formé par un météorite plusieurs milliers d’années auparavant. Pas difficile à croire lorsque l’on voit sa forme ronde quasi parfaite. Je trouve deux arbres assez vigoureux pour me soutenir dans mon hamac où je termine mon livre (The Kite Runner: excellent) et je soigne mes blessures sur mon mollet droit. Le soleil disparaissant derrière la cime de arbres me rappelle à l’ordre et je retourne en ville pour un bon repas et surtout, un sommeil bien mérité... La route vers Stung Treng m’apparaît assez longue dans mon guide mais les conditions sont, parait-il, excellentes. J’imagine que la mention « excellentes » au Ratanakiri veut dire « sous la moyenne » pour le reste du Cambodge. Le trafic en est pour quelque chose, en complément au sol rocailleux. J’ai été plongé dans plusieurs minutes de poussée d’adrénaline, alors qu’il me fallait dépasser un convoi de camions de construction qui soulevaient la poussière. Pour ce faire, il faut sortir des sillons creusés par les motocyclistes sur les côtés de la route et tenter sa chance parmi la rocaille, et signaler à ces monstres notre présence avec notre faible klaxon...
STUNG TRENG Finalement arrivé à Stung Treng. Réparations, bons repas et deux nuits de repos siphonnent mes dernières économies. Je croyais naïvement que j’aurais accès à un guichet dans cette ville, mais ce n’est pas le cas. Pendant que ma moto se fait réparer, je patiente dans la boutique d’à côté en buvant du vin de riz avec les proprios. Je dois donc traverser la frontière du Laos avec seulement 12$ dans mes poches. Depuis le jour où j’ai fait l’achat de ma moto, je me suis fait répéter que traverser une frontière avec un véhicule non-immatriculé pourrait tourner au cauchemar facilement. À Stung Treng, j’ai même consulté le célèbre Mr. T qui se doit d’être une référence en ville, surtout sur ce qui traite de la frontière. Il a été clair et formel: impossible à faire. Têtu, vous dites? Je tente le coup. Eh bien, j’admets avoir été plutôt surpris une fois la frontière franchie. Cinq minutes et 5$ ont été suffisants pour passer la moto en territoire laotien! Je m’attendais à pire j’imagine. Un problème persiste: il me reste environ 5$ après un petit repas sur la frontière. Mon réservoir est presque à vide et la prochaine ville équipée d’un guichet est à 200 km au nord de la frontière. Malheureusement, j’ai dû passer devant la ville de Si Phan Don (Four Thousand Islands) où la plupart des voyageurs y font un arrêt. L’endroit idéal, parait-il, pour relaxer dans un hamac devant la rivière à longueur de journée.
PAKSE Pakse, en plus d’avoir un guichet offre une superbe première impression. Tout juste après avoir déposé mes sacs dans une auberge, je me surprends même à me dire que je pourrais rester dans cette ville pendant un bon bout. L’impression disparaît par contre après quelques heures, alors qu’on a fait le tour de tout ce qui est intéressant. Le marché central varié dispose même d’une section de livres, où je trouve un petit lexique Anglais-Laos. Petite escale sur le Plateau Bolaven en moto. Adorant les chutes, je visite Tad Fane et Tad Gniang accompagné de Neil (un québécois). L’une fait 30 mètres et offre un merveilleux spot pour se baigner pendant une bonne heure avec les locaux. On fait la connaissance d’un homme et de ses deux cousins. Il vit aux États-Unis et est en visite dans son pays natal, qu’il dit à peine connaître. Son anglais est superbe et il nous raconte un peu son cheminement, alors qu’on sirote notre jus de noix de coco. La deuxième chute fait 120 mètres (!) et il nous est difficile de trouver un endroit sur la falaise adjacente qui nous permet de la voir dans son intégralité, tellement elle plonge profondément dans cette cuve gigantesque. La vue est prenante et j’en viens à abandonner ma tentative de la faire ressentir avec une simple photo. Étant sur le Plateau central, notre élévation se fait sentir à notre retour; une appréciable et douce descente nous transporte jusqu’à Pakse. Beaucoup de festivités sont sur le point de se manifester partout au pays, le Nouvel An se célébrant du 13 au 16 avril. Pas de réveillon pour le Laos; le peuple a trouvé une autre façon de passer l’année en beauté. Je la découvre en quittant Pakse, tout au long des 150 km qui mènent à Savannakhet, alors que les enfants jettent de l’eau sur les passants, peu importe leur moyen de transport! Ne pouvant les éviter, j’arrive à destination plutôt trempé.
SAVANNAKHET Pas le temps de sécher, je me retrouve à descendre la rue principale, littéralement transformée pour l’occasion en lave-auto/moto! De la musique se fait crachée par les haut-parleurs, allant du traditionnel laotien au tout dernier succès hip-hop américain. Tous les styles se mélangent dans ma tête et se juxtaposent alors que le « trafic » se fait lentement un chemin parmi les fêtards. Ces derniers portent tous la chemise hawaïenne et le chapeau de paille, ce qui leur donne un air de vacanciers au Club Med! Les jeunes crient, dansent, s’arrosent et surtout, rient. Les boyaux, seaux et fusils à l’eau fluos s’affairent à nous garder bien mouillés dans notre procession. Je finis par trouver la Guest House suggérée par mon guide, et elle se trouve justement sur cette rue. Une occasion en or de faire des photos extraordinaires, mais je me résigne à la seconde que ma caméra reçoit son premier seau d’eau, optant plutôt pour la dégustation de quelques bonnes bières froides. Pour le reste de la soirée, je fais comme le reste du peuple et me promène en pleine rue ne portant que mon maillot et un t-shirt, avec mon argent dans mes poches, protégé par un sac de plastique... Il faut comprendre qu’au Laos, le mois d’avril est le plus chaud de l’année. La température devient plus confortable au début de la saison des pluies, en mai-juin, mais en attendant, les Laotiens ont pris la coutume de se « rafraîchir » pendant ces 4 jours, et ce, à l’échelle nationale. Bonne idée...
THA KHAEK Un autre bon 150 km à franchir, toujours sous la menace des embuscades des enfants-arroseurs, avant de me retrouver à Tha Khaek. J’y rencontre Bart, un hollandais avec qui j’ai un point en commun: la volonté d’explorer ce fameux « Loop » décrit par notre guide de voyage. Il doit cependant se louer une moto, alors on se rend en ville pour trouver un service de location. Le Nouvel An a pour effet de tout fermer les boutiques et restaurants. Évidemment, l’ambiance est loin d’être fantomatique, puisque tous fêtent, regroupés en plusieurs partys dispersés dans la ville, toujours avec la musique, la bière et une particulière abondance de nàm (eau). Tous ces regroupements (sans exception) nous ont obligé à faire une pause, boire un verre de bière, danser un peu avec eux avant de continuer notre chemin. Bref, pas trouver de moto, mais plutôt un état semi-avancé d’ébriété, un énorme sourire et des yeux plus qu’étonnés! Notre Guest House s’occupait en fait de la location de moto, donc notre départ se fait le lendemain matin. Premier arrêt à la Buddha Cave. Il s’agit d’une caverne en plein flanc de falaise qui a été découverte en 2004 par un Laotien curieux et bien équipé en matériel d’escalade. Plusieurs statues de Buddha y étaient cachées depuis près de 600 ans, selon les experts. Rapidement, un escalier de béton (plutôt hideux) a été construit pour mener à la petite chapelle naturelle. Impressionnant, mais, encore une fois à cause du Nouvel An, c’était bondé. Plus loin sur la Route 12, un chemin de 400m nous mène à Tham Xieng Lap, une merveilleuse caverne profonde de 200m. Des jeunes s’offrent comme guides et nous mènent à l’entrée. Sans trop savoir où je m’en vais, je m’obstine à suivre mon instinct plutôt que Jaï et Thong, qui doivent sans doute connaître cette grotte comme le fond de leur poche. Une fois de plus, mon entêtement me permet de voir un angle différent de la caverne qui chemine en U dans la montagne, me situant alors en hauteur dans le milieu de la courbe. De mes yeux, je peux voir les deux sorties de la caverne. Je rejoins Bart pour un petite baignade avec les enfants dans le semi-pénombre, sous un toit de stalactites de près de 50 m de haut. À notre retour, nous leur remettons un dollar ainsi que ma carte d’affaires (ils se battaient pour l’avoir alors j’ai dû en offrir une à tous les 8 enfants!). Notre chemin suit une chaîne de montagne jusqu’à un certain point où la route se transforme en jeu vidéo une fois de plus. Nous ne suivons plus la pente abrupte, mais la traversons en zigzagant sur son flanc. Après avoir passé Nakaï, une bonne heure de pluie nous ralentit dans notre progression. Je souhaite vraiment arriver à Ban Tha Long avant la tombée de la nuit, et nous y parvenons enfin. Après avoir trouvé notre auberge en bord de route, on se prend une bonne bière froide avec du poisson frit. Le lendemain matin, la route reprend en direction de Lak Sao où nous stoppons pour dîner. Notre but de la journée est de se rendre au milieu du « Loop » où se trouve Thom Kong Lo, une immense caverne. Nous nous y rendons, non sans peine... Deux crevaisons (sur ma moto) nous font perdre nos précieuses minutes. À notre arrivée, il commence déjà à faire noir et il nous faut trouver un endroit où dormir. Mon guide parle du homestay, une alternative aux Guest Houses qui permet de voir le vrai Laos. Pour 6$, nous avons un repas complet servi dans la salle commune de la maison de Koli. Notre hôte qui parle un peu de français, nous sert une spécialité locale: du vin de riz avec des racines qui y mijotent. Extrêmement fort! Après notre troisième rasade, il insiste qu’on en prenne une autre, pour « aider à dormir » nous dit-il! Ça marche bien... Le lendemain se débute par l’exploration de la fameuse caverne. Ses 7 kilomètres de long (ou profondeur) se voyage par bateau seulement. Nos pilotes armés de lampes frontales nous y mènent à travers l’obscurité totale sans même se questionner sur le chemin à prendre, signe qu’ils n’en sont pas à leur première traverser. Les parois font à certains moments plus de 100 mètres de large ET de haut, selon mes estimations. Étant trop éloignées pour être parfaitement éclairée par les lampes à batteries de moto, je dois utiliser mon flash de caméra pour me donner une idée moins obscure sur leur réelle distance. Pendant plus d’une heure, le moteur nous propulse à contre-courant au plus profond d’une des montagnes visibles de l’extérieur. Nous devons parfois nous mouiller les pieds et pousser l’embarcation qui se frotte au sol rocheux. L’eau est d’une limpidité incroyable, exempte de toute pollution végétale ou animale. Soudain, au loin, de la lumière. Il ne s’agit pas d’un autre bateau armé de torches, mais bel et bien de l’embouchure où la rivière pénètre dans la montagne. Nous faisons une petite pause, laissant le temps à nos yeux de reprendre conscience de la force du soleil, avant de nous replonger dans l’obscurité, cette fois, se laissant porter par le courant. Le trajet se fait plus rapidement et nous réapparaissons près de notre homestay. Surprise, un clou a dégonflé mon pneu pendant la nuit... Par la suite, il faut reprendre la toute nouvelle route à travers cette vallée pour retourner à Ban Han Hin. Trois autres crevaisons vont se succéder tout au long de ma progression, toujours sur ma moto, bien entendu. Je crois que la cause initiale est de nature accidentelle (roche pointue, clou, etc.) mais tout le mérite pour les suivantes revient à mes talents de réparateur... En sortant de la vallée, nos moteurs de 100cc sont rudement mis à l’épreuve pour monter le versant est, alors que ce sont nos freins qui sortent fumants sur le côté du soleil couchant. À partir de Ban Lao, Bart continue sa route en solitaire, car il doit compléter le « Loop » et déposer sa moto louée à Tha Khaek. Je fais un arrêt pour réparer mon miroir du côté droit qui s’est cassé au Cambodge. Je crois que l’ironie a voulu me jouer un tour car 5 minutes plus tard, alors que je roule à bonne allure le long d’une pente descendante, mon pneu avant éclate. Je perds aussitôt le contrôle et atterri sur le pavé, m’abîmant l’épaule et le coude droit... ainsi que mon tout nouveau miroir qui éclate sur l’impact! Sortir le matériel de mon sac. Retirer la roue. Retirer le pneu. Changer le tube. Remettre le pneu en place. Gonfler le pneu. Replacer la roue. Fait!
PAKSAN J’y arrive juste à temps pour éviter la pénombre. Les Hollandais sont partout. Après Bart, je rencontre Hanneke. Étonnement, elle a étudié à l’université de Montréal et parle un très bon français. Quelques échanges d’infos puisque nous nous dirigeons dans des directions inverses, et l’heure tardive nous rappelle à l’ordre. Comme la plupart des repas, bières et heures de sommeil depuis près de deux semaines, ils sont tous bien mérités!
VIENTIANE Après avoir quitté tôt le matin, je parviens ENFIN à relier les deux capitales! J’y ai mis 19 jours, ai perdu un peu de mon sang et beaucoup de sueur, mais non sans le regretter. Et maintenant? LE REPOS! Et bien entendu, quelques projets/arrangements/ajustements/planifications/achats/échanges/... à faire. Pour ceux qui ont été assez courageux pour lire jusqu’ici, voici le: — MESSAGE D’INTÉRÊT PUBLIC — Vente de photographies Ayant reçu quelques demandes durant les dernières semaines pour faire l’achat de certaine de mes photos, je lance maintenant une vente. Premièrement, puisqu’après plus de trois d’errance, je crois avoir ramasser assez de matériel photographique (plus de 300 images sur ce site). Et deuxièmement, je ne le cacherai pas, parce que trois moins d’errance, ça gruge le compte bancaire! Ce message s’adresse donc à quiconque aime mes photos et/ou mes textes et désire m’encourager dans mon voyage. Le moment tombe plutôt bien puisque je compte m’établir pour un bon bout de temps au même endroit (le nord du Vietnam est en tête de liste) pour me trouver un boulot. Cela veut donc dire que, d’après moi, les photos vont prendre une pause pendant cette période (et reprendrons par la suite, n’ayez crainte!) Voici donc: 1 photo, impression qualité photo (format: 16 X 24 pouces) 50 $ 1 photo, impression qualité photo (format: 8 X 12 pouces) 40 $ •Je prends les par e-mail) à partir de maintenant. •Les détails de livraison suivront. •Pour toutes requêtes spéciales (achat de 2 photos ou plus, encadrement, laminage, contactez-moi par e-mail •Je ne ferai pas de format plus petit, désolé. Pour le paiement, vous pouvez passer directement par mon agent (ma mère!) si vous voulez éviter les frais reliés aux services du genre du style Western Union (tout de même accepté). Veuillez prendre note que toute personne faisant l’achat d’une de mes photos recevra aussi une explication complète de cette dernière à mon retour et qu’une bière ou un café (au choix) sera aussi fourni. Signé: Gabriel, votre reporter dévoué, en Asie.
Le nord du Laos
samedi 17 mai 2008
VIENTIANE Dix jours à Vientiane, c’est long. Pour ceux qui pensent y séjourner, ne serait-ce que 2 ou 3 jours, je vous conseille de ne pas dépasser cette limite. Tout coûte (relativement) cher, il n’y a rien à faire à part visiter les temples, manger et dormir. De ces trois activités, les deux seules qui nous sont vitales sont évidemment les plus demandantes sur le portefeuille (les temples ne soutirent rarement plus de 1 dollar pour y entrer). C’est donc dans cette ambiance un peu frustrante que j’ai dû patienter jusqu’à la réception de mon visa du Vietnam. Quelques bonnes rencontres tout de même, Corine (version anglaise, Coreen?) avec qui j’ai partagée des bonnes discussions de fin du monde (!), et Florence qui m’a laissé gratter sa guitare pour accompagner son chant. Je surprends Ashley, connue à SCAO au Cambodge, à vélo alors que je savoure mon sandwich au thon quotidien (au moins, après quelques jours, on trouve les places où manger beau bon pas cher!) et elle me présente sa copine de voyage, une Française nommée Perrine. Le lendemain, tous les trois savourons un bon buffet All you can eat pour 35 000 kip (moins de 4$), une vraie aubaine culinaire. La réalité refait surface et je me retrouve seul. Le problème quand on est pris à Vientiane, c’est que la plupart des voyageurs sont plus prévoyant que moi et n’y passent, comme s’ils avaient entendu mon avertissement, qu’une ou deux journées, ce qui m’oblige è refaire mon cercle d’amis quotidiennement... Pour tuer le temps, je fais l’expérience du tissage. J’aime bien, c’est manuel, artistique, et créatif, et requiert de la patience (ça fit mon profile!). Après 5 heures de dur labeur, je récolte un foulard à peine assez long pour faire le tour de mon cou! On va dire qu’il est destiné à orner un mur plutôt qu’à me tenir au chaud...! Je reçois finalement mon visa et je suis parti aux petites heures du jour suivant. Direction Vang Vieng. Je quitte les plateaux de cette partie du pays pour pénétrer dans le nord carrément plus montagneux, où les collines sont les reines du paysage, et ça, jusqu’à la frontière de la Chine. Sur le chemin, je ne peux m’empêcher de stopper pour prendre en cliché ce qui va s’avérer n’être que de minuscules sillons qui ne font qu’annoncer les vrais sommets du pays. Par chance, un des arrêts me permet de témoigner de la prise d’un villageois: un lézard qui mesure plus d’un mètre de la tête au bout de la queue. De ce qu’il me dit en laotien, je saisi le mot gin qui signifie manger, et je comprends ensuite qu’il m’invite pour la dégustation ce soir! J’espère de tout mon être pouvoir rencontrer une telle occasion à nouveau car je dois malheureusement la décliner, devant me rendre à Vang Vieng avant la tombée de la nuit...
VANG VIENG Une des villes les plus touristiques de l’Asie. D’après moi, Vang Vieng et ses montagnes se comparent à un Disney Land au milieu du désert, ou bien sinon à une foire se déroulant sur une plate-forme pétrolière de la mer Arctique... C’est un paisible village qui s’est vu transformé au cours de la dernière décennie, avec comme nouveau mandat de satisfaire tous les jeunes voyageurs en manquent de défoulement de toutes sortes. Au programme: Le populaire Tubing : descendre le courant de la rivière en beigne gonflable en faisant autant d’arrêts que désiré. On y trouve de multiples bars qui offrent le breuvage national Beer Lao, les dévastateurs Buckets (mélange de whisky aux riz, Red Bull et autres atrocités) pour pratiquement rien, ainsi que des hauts tremplins, cordes à Tarzan et autres installations visant à balancer ces corps enivrés dans la rivière. Des incidents? Pas grave, Vang Vieng, possède — bien que ce ne soit pas crié sur les toits — possiblement le meilleur hôpital du pays. Kayak : à travers la même rivière, mais avec la différence d’avoir un objectif, visiter les cavernes à même les flancs de montagne avec ou sans guide, et avec ou sans chandelle / lampe de poche. Tours d’éléphant : tout nouveau à Vang Vieng! Exploration en vélo / moto des paysages environnants. Et pour ceux qui, après une dure journée à tuber, désirent relaxer, quoi de mieux que de se poser un peu dans un bar avec nos nouveaux amis de beuveries pour savourer une autre bonne bière froide accompagnée d’un spagat, hamburger, ou autre met typiquement occidental, en regardant un épisode de Friends sur écran géant! Tout est réconfortant ici, et on y trouve beaucoup d’échoués qui prennent une journée off après avoir profité des abondantes activités éthyliques offertes dans le jadis très tranquille village de Vang Vieng. Pour ma part, ayant été malade une bonne journée complète et ayant un horaire chargé, je n’ai pas fait de tubing, mais plutôt une journée complète de kayak avec Phil et Sophie, un couple Québécois-Française. Exploration d’une caverne et en prime, pour l’inauguration du nouveau système, nous avons droit à un tour d’éléphant gratuit. En Asie, qui dit inauguration (ou mariage, nouveau-né, anniversaire, ouverture de business, congé national, etc.) dit célébration et bière et musique à tue-tête! On a bien aimé, et notre chauffeur qui nous ramenait au village semblait lui aussi avoir la fête pris au corps...! Vive Vang Vieng et son authenticité...
LUANG PRABANG La route: spectaculaire! Encore une fois le jeu vidéo s'enclenche pendant près de 5 heures avant d’arriver dans la merveilleuse cité de Luang Prabang. J’y retrouve Phil et Sophie qui se cherche une auberge pour pas cher. On se team up avec Jamie, une australienne qui partage le même but que nous. Petite soirée tranquille à se promener dans les rues, et à siroter une bière, jusqu’au couvre-feu laotien de 11h30... Ashley et Perrine refont surface et c’est avec elles que je pars explorer les chutes de Kuang Si, à une heure de tuk-tuk de la ville. Les cascades me semblaient fake par moment, tellement l’arrangement nous facilitait la vie pour s’y baigner. Rempli de voyageurs, mais on apprécie quand même la beauté de la nature. Ashley quitte pour la Chine, par bus dans un trajet qui lui prendras 36 heures, si tout va bien. Perrine, elle, se dirige vers Nong Khiaw, un peu au nord, à la recherche d’une école où enseigner l’anglais pendant quelques temps. Mon guide de voyage semble dire que c’est un endroit à voir.
NONG KHIAW Le bus de Perrine est hautement en retard à cause d’une crevaison (d’un autre autobus, mais le chauffeur voulait aider à réparer...) et ça me permet d’attendre et de savourer mon sandwich acheté le matin même à Luang Prabang, sur le pont de Nong Khiaw, qui offre une magnifique vue sur la rivière Nam Ou. Elle arrive accompagnée de Teyana, une Canadienne du Manitoba, avec qui on va partager une hutte qui coûte au total 2$ (divisés en trois!). Vive les talents de négociation à Perrine...! Teyana a une superbe voie et une guitare pour la suivre dans ses propres chansons. Tout ce qui nous fallait pour passer une soirée de détente, ça, mon hamac et de l’encens... Tout juste avant de prendre le bateau vers un autre village, je tombe sur Florence, qui voyage avec une Française Mélanie et une Québécoise Ravy. C’est donc vers Muong Ngoi que je navigue, accompagné de 5 filles et 2 guitares; la belle vie!
MUANG NGOI Pas de route à part la rivière, pas d’électricité sauf à partir de 6pm jusqu’au couvre-feu. Que des huttes qui donnent sur la rivière, la rivière, des pêcheurs, et quelques frigos qui gardent la bière au froid tant qu’ils le peuvent. Un petit jogging matinal me fait voir les environs. Malgré la rue principale (la seule, en fait) bordée de Guest Houses et de restos, reste que ce village est auto-suffisant pour la nourriture, l’électricité, et ne reçoit que quelques ravitaillements provenant de Nong Khiaw, qui est aussi, à vrai dire, plutôt éloigné de la civilisation! Comme on croyait ne pas pouvoir être plus perdus dans la nature, une heure de marche nous convainc qu’il existe encore plus creux! Après avoir fait un arrêt dans un superbe grotte, explorée jusqu’à la limite du possible (il aurait fallu de l’équipement d’escalade complet, mais nous n‘avions qu’une torche frontale aux piles faibles, et nos maillots de bain...!), nous continuons notre route. Le mini-village est entouré de rizières que nous traversons sans peine, la saison des pluies n’étant pas encore débutée. Après un petit repas, Teyana et Ravy se mettent à danser du Gum Boots, offrant un show aux quelques villageois présents. Florence et Mélanie s’ajoutent à la troupe, et ça incite un des hommes à se tenter! Pour ma part, je me contentais de photographier la scène, plutôt que de la gâcher! La marche reprend jovialement vers Muang Ngoi. Le lendemain, journée totalement non-constructive. J’ai écouté Spider-Man 3 avec des jeunes de la place sur mon ordi, en thaï. C’est le temps de se séparer pour la plupart d’entre nous. J’enfourche ma moto pour distancer les 230km qui me séparent de Luang Nam Tha, encore plus au nord, près de la frontière de la Chine. C’était plutôt limité dans le temps, partir à 11:00 am pour entreprendre ce trajet, mais je n’avais pas le choix puisqu’il fallait attendre l’unique bateau matinal pour regagner Nong Khiaw, où m’attendait ma moto. J’ai bouclé la boucle tout juste avant que le soleil se couche, vers 18h30. Ravy avait les mêmes plans que moi et on s’était donné rendez-vous dans une Guest House spécifique. Elle n’y est pas à mon arrivée, alors je fais le tour de la ville pour la localiser mais j’abandonne après peu (la ville est minuscule). J’opte plutôt pour aller prendre une bière avec Jordan, un photographe qui voyage comme moi, rencontré par hasard. Retour vers ma chambre où je m’installe pour travailler sur mes photos comme j’aime bien le faire tard le soir, avant d’aller me coucher. Vers minuit et demi, j’entends une voix québécoise qui me demande d’ouvrir la porte. Les ennuis mécaniques des transports de commun sont choses courantes ici... Près de huit heures de retard! Ravy a déjà séjourné à Luang Nam Tha et connaît une bonne Bakery pour se prendre un petit pain au chocolat au matin. Un tour au marché pour faire le plein de lychees et de mangue, nos snacks d’explorateurs. Sur ma moto, on aboutit à une stupa (construction religieuse érigée sur le dessus d’une colline, visible de partout dans les villages environnants), où on déguste nos provisions tout en parlant de camp d’été, du nom que j’aurais eu si j’avais été moniteur (sans aucun doute Berlingot), de politique (mais pas trop!), d’art... et de tout plein d’autres choses... Je savoure mon sandwich au poulet alors que Ravy réveille sa famille au Québec pour leur parler au téléphone. On reprend la moto et il est à peine midi, ce qui nous laisse l’après-midi pour profiter des chutes situées à 4km de la ville. En moto? Trop facile... On loue des bicyclettes aux freins douteux, avec des guidons croches pour s’y rendre. L’exploration des chutes et la discussion aléatoire continuent, en passant par les cours de vietnamien (merci Ravy!). On a spoté un « night club » en ville, et ça a piqué notre curiosité. Déjà que la mention « night » club est erronée, puisque le couvre-feu a toujours lieu avant la tombée de ce que je considère être la nuit! Quoi qu’il en soit, notre souper est bien arrosé et on se promet de comparer les pâtés chinois de nos mères respectives une fois de retour à la maison! Le night club est minable, peu inspirant, et surtout, virtuellement vide de population et d’atmosphère. À peine besoin d’ouvrir la porte pour s’en rendre compte et de décider sur le champ de retourner à notre Guest House, bière en main. On regarde des vidéos de Michel Gondry (réalisateur de vidéoclips et de films balançant entre la folie et le génie, à connaître) jusqu’à 2h du matin.
DURE JOURNÉE Je rassemble mes biens dans mes sacs et j'attelle ma moto, et je suis prêt pour partir à 7h tapante. Je me dois de quitter 15 minutes plus tard, le temps qu’il faut pour ouvrir tous mes sacs à la recherche de mes clés (oubliées aux chutes probablement) et de mes doubles gardés précieusement dans un endroit qui m’échappait... Ça commence bien la journée. La route qui part de Luang Nam Tha vers la frontière du Vietnam mesure plus de 300km, selon mes estimations. Le début est un vrai jeu d’enfant et la condition de la chaussée ferait même baver tous les conducteurs du Québec! À partir de Oudomxai, la route est toujours pavée mais à partir de Muang Khua, où je dois traverser le Nam Ou (la même rivière naviguée moins d’une semaine plus tôt), ça se complique légèrement. Route en terre battue, rocailleuse, en pente, sillonnant selon les parois de la montagne que je contourne. Je dois traverser des rivières à gros débit, sans ponts, en poussant la moto, les chaussures dans l’eau, je dois franchir des ponts de corde à travers des petits villages super-sympas, etc. Je peux faire un arrêt ou deux durant le trajet pour savourer un meat on the stick et du riz collant. Ma moto commence à faire des sons nouveaux, ce qui m’inquiète quelque peu. Je n’abandonne pas ma route, et continue la torture pour le châssis de mon fidèle bolide rouge-bouette. À partir d’un moment, alors qu’il est près de 4h pm (après 9 heures de conduite) je commence à douter de mon chemin. Je me renseigne auprès des quelques villageois rencontrés sur le chemin; tous sont d’accord que je me dirige vers le Vietnam, mais aucun d’entre eux ne semblent reconnaître le nom de la ville de Tay Trang, où le poste de douanes est situé. Je ne veux surtout pas aboutir au Vietnam à travers une frontière que je n’avais pas le droit de traverser. Déjà que celle de Tay Trang est ouverte aux étrangers depuis moins d’un an — mon guide de voyage datant de 2007 dit qu’elle est fermée... Les kilomètres de roches et de collines s’accumulent derrière moi, mais ma satisfaction à être rassuré semble toujours loin à l’horizon (façon de parler, car je ne vois pas du tout l’horizon, sinon un zigzag de montagnes qui m’entourent). Inquiétude, nom, féminin, sentiment qui survient dans des moments du type: être perdu dans la jungle, sans aucun repère, avec le soleil qui se couche, avec l’obligation de trouver un endroit pour coucher, mais avec la priorité de traverser une frontière avant les coups de minuit, puisque mon visa se termine le jour même, à cheval sur une moto surchargée et surmenée. Espoir, nom, masculin, sentiment qui survient dans des moments du type: apercevoir des lampadaires et une chaussée encore noire de la fraîcheur de son goudron, tourner le coin, monter la côte et se retrouver entre deux bâtisses qui pourraient facilement servir de douanes, alors qu’il est près de 6h30, heure à laquelle le soleil ne projette déjà plus d’ombre! Incompréhension, nom, féminin, sentiment qui survient dans moment du type: ne pas comprendre pourquoi les HEHO! lancés à tous hasards ne donnent pas de réponse, et pourquoi ces 2 motocyclistes ne se sont pas arrêtés en m’apercevant sur le bord de la route avec un gros point d’interrogation dans le front, entre les 2 bâtisses complètement désertes. Plus tard, on m’apprend que ces installations sont les futures stations de pesée. À bout de nerf, expression populaire, se fait ressentir dans un moment du type: enfourcher ma moto pour suivre la route, espérant (voir Espoir, plus haut) ne pas avoir un autre 50km à franchir avant d’arriver je ne sais trop où (voir Incompréhension, ci-haut). Soulagement temporaire, nom et adjectif masculin, sentiment qui survient dans moment du type: Après 3 ou 4 kilomètres, voir une pancarte obligeant à tous conducteurs de véhicules de s’arrêter pour passer au Check out des douanes! J’y suis arrivé! Après 12 heures de conduite! Ma plus longue ride ever!!! Plus de 350km, toujours selon mes estimation — plus de 100 km de mon dernier record en une seule journée. Le gentil douanier me dit que mes papiers sont OK, sauf pour une petite chose... Ma moto n’a pas de plaque d’immatriculation. Je lui dis que ce n’est pas grave, j’ai conduit au Cambodge et au Laos sans en avoir, et que j’ai même traversé la frontière entre ses 2 pays sans problème. Je lui remets les papiers officiels de la possession de véhicule, des douanes Cambodge-Laos, etc. Malgré tout, il me dit que ma moto ne peut pas passer la frontière. WHAT??? Le gentil douanier va voir son boss qui est en train de festoyer avec les autres membres des douanes qui habitent tous ensemble au milieu de la jungle. On me dit qu’ils vont tenter de faire quelque chose pour m’aider le lendemain, et on m’offre même de dormir dans un des bureaux puisque je ne peux pas bouger vers la prochaine ville à plus de 30 km en pleine nuit. Je tente les pots de vins, qui auraient sans doute marché au Cambodge ou bien même au Laos, mais ici rien à faire. En tout cas, selon le gentil douanier, rien à faire en dessous de 100$, le double de ce que j’ai dans mes poches pour me rendre au Vietnam... On me donne des nouilles en sachet, un peu de Beer Lao, et du vin de riz (Lao Lao), avant que je me retire dans le bureau pour penser à la situation. Le gentil douanier vient me jaser un peu et voyant mon ordi portable ouvert sur la table, commence à me poser des questions sur Photoshop. Je lui donne un cours recadrage, changement de couleur, gonflage de poitrine 101 (il voulait savoir!), espérant attirer ses bonnes grâces quand viendra le temps de me donner un coup de main. Le sommeil me gagne, et c’est compréhensif: plusieurs bières, à peine 5 heures de sommeil avant de traverser les montagnes sur une moto en décrépitude pendant 12 heures non stop, avec une seule bouteille d’eau et un seul « repas » valable durant la journée. J’ai beau avoir utilisé la table de conférence (plus confortable que n’importe quel banc ou chaise ou plancher dans ce bureau) comme lit, j’ai bien dormi. Ce ne sont cependant pas des bonnes nouvelles qui m’attendent au lendemain matin. Ils ont tenté de téléphoner à la frontière que j’avais passé en entrant au Laos. Paraitrait-il que ces douaniers auraient omis de me fournir certains papiers me permettant de traverser la frontière... Après quelques minutes d’explication, je me trouve devant une fourche. Option A: retourner en direction du Cambodge, m’obligeant à renouveler mon visa laotien (50$, c’est cher) et à mettre une croix sur mon visa vietnamien valable à partir du jour même pour une durée d’un mois, et espérer qu’ils me trouvent une solution pour rentrer au Vietnam... Option B: laisser ma moto aux douanes où je me trouve présentement pour chercher une solution au Vietnam, ou en d’autres mots, faire des démarches administratives à distance avec le Cambodge pour obtenir une plaque, me la faire livrer au Vietnam et retourner chercher ma moto à la frontière. Les douaniers me disent qu’ils me la gardent pour un mois, après quoi ils l’envoient dans une province du nord du Laos, pour qu’elle soit revendue par le gouvernement... Pas question de retourner au Laos. Je tente une fois de plus les pots de vin, sans succès. Vient ensuite la tentative de la vendre pour 200$, 150$, 100$....... à un douanier. Il semble intéressé mais il finit par me dire que son patron ne veut pas qu’il fasse d’affaires avec des étrangers et que la moto doit revenir au gouvernement si on trouve pas de solution... grrrr. Ma dernière tentative se résume ainsi: aller voir le gentil douanier, l’aider à faire fonctionner sa nouvelle imprimante, et lui demander d’échanger ma moto, contre la guitare qui traîne dans le coin en lui expliquant que hier, ma meilleure amie, c’était ma moto, et qu’aujourd’hui ça pourrait être lui s’il laissait cette guitare devenir ma meilleure amie à partir de demain... Échec. Je sentais qu’il voulait m’aider et j’en ai fait fléchir plus d’un avec mes demandes, mais la structure des douanes est plutôt stricte, et leur patron ne voulait pas me laisser gagner... Le temps file alors que j’étale mes dernières tentatives, et je me rends à l’évidence que je dois l’abandonner vers 10h30 am, alors que le prochain bus en direction de Dien Bien Phu passe dans 30 minutes. Je prends des photos de la moto, ce qui fait rigoler et jaser les douaniers assis à leur table de picnic, mais je m’en fou pas mal, je veux garder un souvenir de toutes les inscriptions, défauts, entailles, coulisses d’huile, signatures d’écoliers khmer et d’amis sur format numérique. Je remercie les douaniers, et ils ne me chargent pas le 1 dollar habituel qu’il faut payer pour avoir son étampe, ni les frais de « logement » et de « nourriture » qu’ils m’ont fourni dans les dernières heures. Assis sur les poches de riz du bus, je jette un dernier regard à mon outil de liberté, ma fidèle moto, la seule qui a voulu me suivre dans les pires tracks du Cambodge, qui s’est lancée tête première dans les sinuosités du nord du Laos, qui a été la victime de la célérité et de la gravité avec moi à plus d’une reprise, sans jamais se plaindre, si ce n’est que quelques grincements vites ravalés après avoir huiler sa chaîne... Un deuil va s’en suivre! Pour ceux qui ont versé une larme en lisant ceci, ne vous en faites pas pour moi, ce n’est pas ça qui va me stopper. Ça m’a freiné pendant quelques jours, mais je me suis remis sur pieds et je suis prêt à continuer, toujours avec les mêmes plans en tête!
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